C’était la nuit du 13 décembre 2021. Avec d’autres associations, nous avons planifié de descendre les ruelles d’Antananarivo pour aller à la rencontre des enfants esseulés de la ville. Cette nuit-là, nous étions alors à Tsaralalàna. Sans surprise, la situation n’a pas changé si l’on se réfère à 2019, année de notre première descente. Filles et garçons ont tous leurs occupations la nuit comme le jour.
Tsaralalàna, la Pigalle malgache dit-on ?
En effet, on dit que Tsaralalàna est à Tanà ce que Pigalle est à Paris. Dans ce quartier populaire, les activités ne manquent pas. Les magasins Karana abondent le quartier le jour. On y trouve des jeunes garçons en train de laver les voitures et des jeunes filles en train de vendre des sachets. D’autres, livrés à eux-mêmes, sont en train de jouer entre les voitures dans les embouteillages. Ils mendient comme si c’était devenu un vrai métier. Et le pire, c’est que non seulement, ils sont exposés aux divers dangers, mais ils deviennent eux-mêmes de vrais dangers pour la société. En effet, ces enfants sont victimes de la pauvreté et parfois exploités par leur entourage. Ils se mettent bien souvent à voler ou à agir brutalement dans les rues pour avoir quelques billets.
La nuit, la vie est un peu différente. Pour gagner le maximum d’argent en une journée, les jeunes garçons sont tentés de voler, non seulement aux passants, mais aussi dans les voitures où les vitres ne sont pas fermées. Les filles, quant à elles, rôdent autour des hôtels, s’exposent tout au long des trottoirs pour se prostituer. Ces filles dont on parle sont âgées de 15 à 19 ans. La grande majorité d’entre elles ont au moins un bébé dont les pères sont inconnus. Et c’est ainsi que les enfants de la rue vivent tout au long de l’année. Abandonnés à leur sort et sans avenir certain, ils luttent contre la faim en utilisant tous les moyens.
Nos actions dans la nuit du 13 décembre 2021
Nous sommes arrivés dans la rue de Tsaralalàna vers 20h. Devant les magasins fermés, plusieurs jeunes filles étaient déjà présentes. Des bébés étaient encore éveillés tandis que d’autres dormaient déjà sous les cartons dans un coin de la rue. Après nous être présentés, nous avons commencé à parler et à échanger sur leur situation dans laquelle ils vivent depuis des années. Difficile, il faut le dire. Certaines d’entre elles sont tellement désespérées de leur situation qu’elles ont pleuré toutes les larmes de leur corps. Nous les avons encouragées et avons promis de faire le nécessaire pour se battre à leurs côtés.
En attendant la concrétisation de notre solution pérenne, nous avons distribué des petits kits de première nécessité. Nous les avons distribué pour les filles mères, garçons, enfants et bébés présents : pains, savons, vêtements… Ils étaient bien sûr ravis et l’on a pu voir les sourires illuminer leurs visages. C’était vraiment très touchant ! Comme précisé plus haut, nous n’étions pas seuls dans les rues de Tsaralalàna, mais étions venus avec d’autres associations qui ont aussi apporté leurs dons pour faire plaisir aux sans-abris durant cette période de fête. Pour eux, ce n’était donc pas une nuit comme les autres.
La construction du Village des sourires : une urgence, une priorité
Nous le savons tous, la distribution de kits de première nécessité à chaque période de fête n’est pas une solution pérenne. Comme le disait bien Confucius « Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson ». C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la construction d’un village pour accueillir les enfants de la rue reste la meilleure solution durable. Ils seront formés à des métiers porteurs de développement tels que l’élevage de vaches laitières, d’abeilles, la culture de cafés ou de riz, etc.. Accédant à un emploi, ils seront alors en mesure de s’engager dans un avenir bien loin de la terrible précarité de la rue.
Bien entendu, cela demande des moyens matériels et financiers considérables. Et cela jusqu’à ce que le village puisse s’autofinancer. C’est pour cela que nous demandons votre soutien pour agir solidairement en leur faveur. Que ce soit à l’aide d’un parrainage ou d’un don ponctuel, toute forme d’aide est la bienvenue ! Pour finir, nous tenons à évoquer que des centres d’accueil existent déjà pour les orphelins et sans-abris. Toutefois, le nombre de bénéficiaires est également restreint, ce qui ne profite pas aux milliers d’enfants de la rue qui ne cessent de se multiplier.
Notre défi est donc de diminuer le nombre d’enfants esseulés dans les rues d’Antananarivo. Nous sommes prêts à le relever afin que chaque enfant puisse être scolarisé, nourri et formé dans les meilleures conditions.
N’oubliez pas les amis, aimer sauve toujours !