Bad’agascar

C’est avec une grande joie que nous vous partageons aujourd’hui un nouveau programme des 2400 sourires pour les enfants fragilisés, mis en place avec l’Association Solibad Badminton Sans Frontières. Raphaël Sachetat, président et fondateur de l’association Solibad, est donc venu spécialement à notre rencontre pendant 5 jours, à Madagascar, pour proposer quelques jours sportifs aux enfants.

“Solibad, c’est avant tout la contraction de « Badminton et Solidarité » – Solibad est donc une association caritative autour des valeurs du sport et de la solidarité”. Son objectif est de “mettre en commun des ressources humaines et financières au sein de la communauté du badminton en France et à l’international, afin de mener à bien et soutenir des projets humanitaires.”
Badminton et sourires étaient donc au rendez-vous.
Voici l’impression de notre invité…

Quand le badminton guérit les âmes…

“Ils sont là, en rond, sous l’un des rares arbres aux feuilles suffisamment larges pour les protéger du soleil. Après plus de 2h30 d’activité intense sous une chaleur de plomb, à la question « Mbola mazoto ny hanohy badminton ve ianao ? » (Voulez-vous continuer à faire du badminton ?) », tous lèvent la main, la banane accrochée au visage, les yeux pleins d’étoiles.

Le programme « Bad’Agascar » est né cette semaine, du rêve un peu fou, tout d’abord, d’une famille Montbéliardaise qui a tout plaqué pour venir s’installer au milieu de cette banlieue ultra pauvre de Madagascar, et du pari non moins osé de la belle Association Solibad, qui croit, comme eux, que le sport a des vertus qui vont bien au-delà de la simple activité physique.

4 jours de pré-lancement…

Pendant 4 jours, une quarantaine d’enfants a donc pu prendre part au lancement de ce nouveau programme de Solibad, en partenariat avec cette magnifique jeune association, «2400 sourires», nommée après la lugubre statistique du nombre des enfants des rues à Madagascar, troisième pays le plus pauvre de la planète.

Tous les jours, de 16h à 18h – parfois plus à leur demande – des jeunes du village d’Ambohidratrimo se sont initiés au badminton. Un sport de raquette dont ils n’avaient jamais entendu parler. Forcément. Ici, le football est roi, et tous les enfants, garçons et filles, ont déjà tapé dans ce qu’il reste des ballons d’occasion, le cuir tanné par les coups de sandales – et les tempêtes.

À l’appel de l’Association 2400 sourires, donc, ils ont dévalé les pentes de leur village aux cases de tôles, de bouts de bois de fortune et de briques rouges fabriquées dans cette terre ferrugineuse si caractéristique du pays. Et ce, tous les jours, après l’école pour ceux qui y vont, pour se réunir sur un petit terre-plein surnommé pour l’occasion « le terrain de la liberté ».

Les parents de romain, un pasteur et sa femme, ont déjà eux-même donné toute la noblesse au sens du mot charité en s’installant dans ce village il y a 23 ans, et mettant sur pied un dispensaire médical en plus d’une mine d’activités diverses et variées pour redonner, en plus de services de première nécessité, de la dignité aux habitants.

Badminton enfants Ambohidratrimo

Au moment de la mise en place…

Les filets sont montés, les premiers éclats de rires résonnent au milieu des rizières qui ont revêtu leur plus beau vert. Les ballons de baudruche sont gonflés, pour appréhender les premiers gestes avec la raquette. Le passage aux volants se passe tout en douceur et c’est un joyeux bazar acoustique fait d’éclats de rires et de cris de surprise lorsque les volants fusent, qui s’organise bientôt en contrebas du village, sous les yeux envieux de dizaines d’autres enfants assis en rond autour de la petite zone dédiée à cette toute nouvelle activité.

À l’unanimité, le sport, le jeu, est adopté. Certains montrent déjà de belles dispositions, sous les précieux conseils d’une jeune athlète malgache, Miangola Razafinimanana, toute récemment couronnée championne de son pays en double mixte, à 22 ans. Et qui n’a pas hésité une seconde à rejoindre le programme bénévolement, même si elle devait jongler avec ses cours de droits à l’université, ses entraînements à elle, et faire tous les jours près de trois heures de Taxi Be supplémentaires…

Et là, comme en Haïti, en 2010, comme en Indonésie, en 2014, comme en Ouganda en 2016 ou au Rwanda en 2020, la magie opère. Le badminton-guérison fait son office. Il prend tout son sens.

Le Badminton fait naître une immense joie !

Dans un premier temps, en l’espace de quelques minutes, il procure de la joie. Un sentiment de légèreté. Les soucis semblent s’envoler – et ils sont nombreux, entre la pauvreté de tous les instants et un cyclone qui s’est abattu sur la capitale, dont un qui a fait d’énormes ravages, il y a moins d’un mois.

Parmi les plus âgés des enfants présents, Veniah, 16 ans, a vu alors tout un pan de sa maison s’écrouler, l’obligeant, elle, son papa, son frère et sa sœur à emménager d’urgence chez des amis, alors que, quelques années auparavant, elle avait été déjà frappée par un destin capricieux – leur maman ayant abandonné le foyer, sans plus aucun signe de vie, du jour au lendemain.

Une histoire parmi tant d’autres ici, dans ce village niché sur les collines rouge-sang où l’intolérable, l’inacceptable, font partie du quotidien.  Veniah est là, tous les jours, la raquette à la main, le sourire de tous les instants. Elle se défoule, tape fort, puis tout en grâce lorsque Miangola lui apprend la délicatesse des services de revers. Elle rit à gorge déployée lorsqu’elle manque le volant, dans des postures plus acrobatiques les unes que les autres.

Badminton Ambohidratrimo

Le Badminton reconstruit

Au fait, c’est le sport qui reconstruit. Il permet d’oublier, dans un premier temps. Mais c’est bien plus. Il favorise le partage avec d’autres, de moments légers, d’apprendre à se concentrer sur une tâche. La coordination des gestes est aussi un moyen d’apprendre à se réapproprier son corps, notamment pour des enfants qui ont été traumatisés par des violences familiales ou climatiques.

Il y a aussi la dimension psychologique, la reprise de confiance, de l’estime de soi à travers des petites réussites, des mini-objectifs. Les encouragements, les applaudissements sont pour eux des petites victoires, des petits pas vers la renaissance de l’âme.

Romain Lagache, le fondateur des 2400 sourires ne le sait que trop bien, professeur de sport dont la spécialité était l’accompagnement des personnes en situation de handicap. Le sport guérit, c’est un fait empirique. Pour lui comme pour les éducateurs des programmes Solibad, tous ont bien vu que ce sport en particulier avait changé le regard que tous ces enfants portaient sur eux-mêmes, puis sur le monde qui les entoure.

C’est d’ailleurs l’une des clés de ce nouveau programme qui voit le jour, dans lequel va s’insérer ce partenariat autour du badminton, ici à Madagascar, sous la tutelle de l’Association 2400 sourires.

Enfants fragilisés Antananarivo

Nous commençons à préparer le terrain

Le déboisement est en cours, un peu plus loin dans la vallée, avant que ne sortent de terre les bâtiments d’un village pour accueillir les enfants des rues de Tananarive. En plus d’une pension, d’une école, le Village des sourires accueillera donc une entité sportive, avec, déjà, des promesses de dons en équipement de certains athlètes de haut niveau évoluant en France – le football, l’escrime, l’escalade. Et, donc, le badminton. Avec, pour chacun, des raisons particulières de pratique, pour aider à la reconstruction des enfants. Tout a été pensé minutieusement, par Romain, sa femme Séverine et leurs équipes de jeunes malgaches dévoués, pour redonner à ces enfants abandonnés le goût à la vie, tout simplement.

Pour le badminton, l’aventure n’en est qu’à ses prémisses

Solibad et les Super GO des sourires ont déjà mis sur papier leur « plan de match ». A la demande générale, les jeunes d’Ambohidratrimo vont retrouver au moins une fois par semaine Miangola mais peut-être aussi quelques autres joueurs de l’équipe nationale, dont Raharison Bigjô, qui est venu prêter main forte sur l’une des séances. Il a commencé à apprendre aux enfants les gestes de base, à devenir de vrais badistes et à faire du badminton une activité régulière.

De l’autre côté de la vallée, dès que le Village des sourires sera construit, dans quelques mois, une autre phase du programme « Bad’agascar » devrait alors prendre forme autour de plusieurs terrains de badminton en intérieur, avec une véritable académie de badminton financée en partie par Solibad. Avec, pour certains d’entre ces enfants des rues, une ouverture nouvelle sur le monde. De nouveaux espoirs.

5 grammes d’émotion… disent-ils. Il y en eu des tonnes cette semaine avec le début d’une longue et belle aventure humaine. Et donc, d’un nouveau programme par Solibad en partenariat avec 2400 sourires. « Bad’agascar ».

Aimer sauve toujours !

 
 

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